Interview avec "Femmes et Géologie", une commission qui promeut le rôle des professionnels de la géologie dans tous les domaines des Sciences de la Terre

1. Qu'est-ce que la Commission « Femmes et Géologie » ?

La Commission Femmes et Géologie de la Société Géologique d'Espagne est née en 2012, dans le cadre du Congrès Géologique de Las Palmas, lors d'une table ronde qui a souligné la faible présence de femmes géologues à des postes pertinents dans la plupart des secteurs de l'éducation, de la recherche et institutions de gestion du pays. Il a été officiellement créé en 2014, lors de la session scientifique du SGE à Madrid, afin d'analyser et de promouvoir le rôle des professionnels de la géologie dans tous les domaines des sciences de la Terre.

Parmi les objectifs de la Commission figurent : lutter et garantir l'égalité des chances, donner de la visibilité au travail des femmes géologues, favoriser leur arrivée à des postes de responsabilité et mettre en évidence les barrières visibles et invisibles que nous devons surmonter dans le développement de notre travail. Depuis 2018, nous organisons une conférence annuelle dans le cadre de la Journée internationale des femmes et des filles de science, au cours de laquelle nous débattons des différentes problématiques qui touchent les professionnels de la géologie : plafond de verre, vocations, tutorat, inégalités de travail…

 

2. Comment évaluez-vous la participation des femmes dans le domaine de la géologie en tant que formation et carrière de recherche ?

Selon les données du ministère de l'Éducation, 54 % des étudiants diplômés de l'université en sciences sont des femmes ; cependant, ce sont les femmes qui souffrent de taux de chômage et de précarité de l'emploi plus élevés que les hommes, et cet écart se creuse au fur et à mesure que la carrière scientifique progresse. Selon l'UNESCO, la présence des femmes dans les sciences diminue à 40 % des scientifiques titulaires et 21 % des femmes professeurs. En termes de postes à responsabilité, l'écart est écrasant ; La CSIC, par exemple, a nommé son premier président en 2017 et l'IGME en 2010 son premier directeur, même si ce n'est qu'en 2020 que ce poste a été assumé par un géologue.

Travailler en géologie en Espagne n'a pas été facile pour les femmes, qui depuis le milieu du 20ème siècle ont dû se frayer un chemin vers un métier éminemment masculin avec peu de références féminines. Pourtant, beaucoup d'entre eux ont apporté d'importantes contributions scientifiques, et seuls quelques-uns ont été correctement reconnus. Pour cette raison, l'une des premières activités menées par la Commission a été un hommage aux pionniers de la géologie lors de la clôture du VIIIe Congrès géologique d'Espagne. Plus tard, en 2016, l'hommage a été étendu à nos anciens combattants. Il est important de valoriser le travail et les réalisations de tous ces géologues, dont beaucoup sont invisibles et historiquement oubliés, qui devraient être des références pour les nouvelles générations. De plus en plus d'initiatives tentent de pallier cette injustice historique, GEAS Femmes qui étudient la Terre, publié récemment par deux collègues de cette Commission.

En ce qui concerne la formation, en 2019, la Commission a lancé GÉOCHARLAS, une activité d'information destinée au public non spécialisé (centres éducatifs, associations...) constitués par un réseau d'enseignants qui a pour objectif de mettre en lumière l'importance de la géologie pour la société. Le réseau est composé à 60 % de femmes, ce qui permet de proposer des références de femmes professionnelles en géologie.

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3. Est-il possible de créer des réseaux de commissions ou d'organisations de femmes scientifiques et professionnelles ?

Il s'agit sans aucun doute d'un processus nécessaire et déjà en cours. De plus en plus de congrès et de réunions réunissent différentes organisations et commissions de femmes scientifiques dans des sessions spécifiques d'où naissent des idées et des projets communs. Récemment, notre commission, à travers la Société géologique d'Espagne, a signé un accord de collaboration avec Association des femmes géoscientifiques (AWG) dont l'objectif est de promouvoir la participation des femmes aux Géosciences. De plus, nous collaborons avec d'autres associations avec lesquelles nous partageons des objectifs, telles que Geolatinas, et les Commissions d'égalité de différentes organisations, telles que l'IGME. Ces réseaux constituent un support important dans l'atteinte de nos objectifs et nous permettent de faire écho à différentes initiatives et d'amplifier leur diffusion.

Dans le but d'étendre ces réseaux d'accompagnement aussi bien aux étudiants qu'aux jeunes chercheurs ou professionnels de la géologie, la Commission Femmes et Géologie a lancé le Mentoring Project en 2020 Des géologues sur le net, qui permet d'accompagner et de conseiller tous les nouveaux collègues qui en font la demande à travers nos propres expériences en début de pratique professionnelle.

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4. Concernant les énergies renouvelables, PIXIL est un projet de promotion de la géothermie dans la région transfrontalière Espagne-Andorre-France. Comment voyez-vous l'avenir de ce type d'exploration sans impact sur l'environnement ?

La géothermie est une énergie renouvelable et propre qui ne génère pas de gaz à effet de serre, elle jouera donc un rôle important dans la lutte contre le changement climatique et la transition énergétique. De plus, on sait que l'Espagne est un pays avec un grand potentiel géothermique, elle a donc sûrement un grand avenir en tant qu'alternative énergétique.

 

5. Pour finir, pouvez-vous nous donner une dernière réflexion ?

L'incorporation des femmes dans la science est un processus qui se développe encore puisque des stéréotypes discriminatoires continuent d'exister, mais heureusement il y a de plus en plus d'organisations et commissions de femmes qui œuvrent à la sensibilisation sociale à ce problème et qui peuvent accompagner les jeunes femmes scientifiques sur leur chemin.

 

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